Tainter Joseph A., L’effondrement des sociétés complexes (1988), La Fenderie, Le Retour aux Sources, 2013. Traduit de l’américain par Jean-François Goulon
L’ambition de l’auteur est d’expliquer pourquoi et comment une société complexe (ayant un certain niveau d’organisation administrative, politique et économique) peut s’effondrer (c’est-à-dire voir ce niveau de complexité organisationnelle réduit en un temps assez court). Les sociétés romaines, maya et chacoans (dans l’Ouest des États-Unis) sont étudiées plus particulièrement, parmi une vingtaine de civilisations ayant connu un brusque déclin. J. Tainter propose une théorie résolument internaliste de l’effondrement : une société s’effondre parce qu’elle ne parvient plus à supporter son propre poids, ou, plus précisément, parce que sa bureaucratie rend inefficaces les réformes qui s’avèrent indispensables pour faire face aux problèmes internes ou externes qui ne manquent jamais d’arriver. C’est ce que les économistes appellent le problème du « rendement marginal décroissant » de l’investissement – la théorie de Tainter fait des questions économiques le cœur de l’explication de l’effondrement. Pour résoudre un problème social, économique, politique, écologique ou militaire, l’État doit engager des réformes et des actions qui correspondent à un investissement financier. Or si cet investissement n’est pas rentable, c’est-à-dire qu’il engendre plus de difficultés qu’il n’en résout, alors même qu’il était inévitable (une société ne peut pas ne pas réagir quand un problème se présente à elle), il précipite une réaction en chaîne qui mène tôt ou tard à l’effondrement.
L’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle n’est en aucun cas la fin du monde. Même si l’espèce humaine a littéralement saccagé la vie sur Terre au point qu’elle pourrait finir par disparaitre elle-même, notre planète devrait nous survivre.
C’est plutôt la fin d’un monde, le nôtre, celui de notre civilisation thermo-industrielle, de notre société capitaliste campée sur son libre-échange globalisé, sa compétition toxique, son hyper-consommation destructrice et gaver par sa sacro-sainte croissance. Le tout sous perfusion carbonée.
L’effondrement n’est pas un événement cataclysmique unique et ponctuel, c’est un long processus qui a déjà commencé. Ce que les médias mainstream et les gouvernements occidentaux appellent des crises, quelles soient climatiques, énergétiques, financières et sanitaires (pandémie) ne sont en réalité rien d’autres que les effets et conséquences du néolibéralisme, qui est bel et bien la cause racine de tous nos maux. Le plus inquiétant à mes yeux c’est qu’en se mourrant le néolibéralisme devient autoritaire, sécuritaire et illibérale voire laisse entrevoir une nouvelle forme de fascisme hérité des méthodes de management des Firmes Transnationales.

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